Nous sommes cinq compagnons d’Angers. Nous avons passé une semaine dans la « Jungle » de Calais avec le Secours Catholique l'été dernier. Là-bas on a participé à la distribution de matériaux de construction pour que les migrants dans le besoin puissent se construire des abris. Ça a été l’occasion d’une véritable « bouffée » d’humanité.
Nous sommes amis de longue date et chacun d’entre nous est entré dans l’équipe compagnon avec différentes envies. Pour notre expériment premier temps nous avons eu une piste grâce à l’association Caritas France. Sans trop savoir ce que ça donnerait, on est parti en covoiturage pour un premier expériment au cœur de la « Jungle » de Calais.
Mission « Kits construction »
Les premiers pas dans la « Jungle » ont été très marquants. Comme nous l’a dit un des bénévoles de Caritas qui nous accueillait : « La Jungle, ce n’est plus la France car en France on ne peut pas accepter des conditions de vie comme celles-ci. ».
Avec l’association nous avions d’abord pour rôle de faire l’état des lieux des cabanes et de repérer ceux qui n’avaient pas de toit. Puis nous devions constituer et distribuer des kits construction de cabanes à des groupes. Nous avions les listes de noms des chefs à qui nous devions les remettre. Nos kits étaient principalement composés de planches, de tôle, de bâche et de clous pour qu’ils construisent de quoi s’abriter. La situation des migrants était telle que des matériaux de fortune comme ceux-ci valaient de l'or.
Nous allions toujours déjeuner au centre d’accueil du Secours Catholique dans le centre de Calais. C’était un endroit chaleureux où nous partagions notre repas avec les autres bénévoles. Nous y avons fait des supers rencontres comme celle de Mariam. Grâce à elle, nous avons pu participer à la rupture du jeûne du ramadan avec des soudanais.
L’après-midi nous fabriquions les kits de construction. Ce n’était pas l’activité la plus intéressante mais en équipe c’était toujours agréable car tout le monde y mettait du sien. Puis on tournait de nouveau pour les distribuer. On a aussi participé à la distribution de nourriture, de condiments et de kits d’hygiène.
Le soir venu on était toujours épuisés mais ça ne nous as pas empêché de faire la fête. Il y a toujours une occasion de faire la fête dans la « Jungle » : Le ramadan, un anniversaire, un apéro… pas un soir de calme. Mais se lever de bon matin le lendemain n’a jamais été pénible. D’habitude il y a toujours un membre de l’équipe qui grogne et qui se lève un peu de mauvaise humeur. Ici non, on se sent utile et on a l’impression de changer un tout petit peu le monde à notre échelle.
Pistes d'action |
Présentation de l'équipe |
Les compagnons :
Gaspard, Loïc, Lucien, Zoé et Camille
Équipe : |
1e temps - 2014/2015 |
Groupe : |
Angers-Avrillé - Abbé Pierre |
Territoire : |
Anjou Maine |
Une "Jungle" déconnectée de la vision donnée par les médias
Avant de partir on a été bien accompagnés par nos accompagnateurs et par nos responsables de groupe. On s’est bien renseignés sur la réalité de la « Jungle » et on a regardé un bon nombre de reportage sur les migrants et sur Calais. On se rendait bien compte que ça n’allait pas être forcément facile. Mais quand on est arrivé, on n’a pas du tout vu le monde froid et cruel que les médias relataient. À la place, on a goûté à une véritable explosion d’humanité. On a échangé une tonne de sourire et on a rencontré des tas de gens très accueillants. La vision des médias et la réalité des choses nous ont semblées vraiment déconnectées. Avec du recul, on a pris conscience du fait que les médias font circuler purement et simplement des images chocs pour complaire le public. Ils font l’impasse sur la réalité du terrain au quotidien.
Une semaine rythmée par la rencontre et l'échange
Là-bas on se rend vite compte que la vie n’est pas la même pour tout le monde. A notre niveau, on a voulu apporter un peu d’espoir à tous ces gens. On a voulu les accueillir, leur faire comprendre que pour nous la terre n’est pas faite que de frontières. On a essayé de transmettre une entraide, une solidarité avec les gestes qui étaient à notre portée : Dire bonjour avec un grand sourire, ça aide déjà à changer le monde, petit à petit.
Nous avons rencontré des personnes aux parcours différents, aux vies tourmentées mais qui nous accueillaient tous les jours avec des sourires par-ci, des « salam » par là. En majorité c’étaient des hommes mais il y avait aussi des femmes et des enfants. Nous avons rencontré des personnes formidables, des gens chaleureux et bienveillants. On a tous appris des mots et des phrases en arabes. Avec eux nous avons vécu la rencontre interculturelle à notre façon : autour d’un thé, en jouant au foot…
Une seule semaine de bénévolat au cœur de la « Jungle » nous a beaucoup changés. On a voulu transmettre un peu d’espoir et on a eu l’impression d’avoir changé quelque chose, aussi petit que soit ce « quelque chose ».
Nous avons tous pris en maturité pendant cette semaine à Calais. Si nous étions encore un peu jeunes en partant, on en est revenu grandis. Quand j’entends aujourd’hui ce qui se passe là-bas je suis toujours révoltée. Je sais que les médias ne disent pas forcément vrai. Depuis notre retour on se demande ce que les migrants que nous avons rencontrés sont devenus, s’ils ont réussis à passer… On est tenu un peu informés par les bénévoles de Calais avec qui on a gardé le contact. Je me suis attaché à un afghan et j’ai appris récemment qu’il avait réussi à passer !
Camille pour l'équipe des Unis-Verts