Initiation à l’agroécologie au burkina Faso

Nous sommes cinq jeunes issus d’horizons très différents. L’envie de bâtir un projet ensemble nous a réunis au sein d’une même équipe, celle des comp’ost. En août 2015 nous avons décollé pour le Burkina Faso. Sur place, avec cinq burkinabés de notre âge, nous avons appris et mis en pratiques différentes techniques d’agroécologie.

Quand on parle d’un compost, on a tout de suite l’image de quelque chose de fertile, qui permet de donner naissance à de la vie. Au départ, les couches du compost prises séparément ne représentent pas grand-chose. Mais avec le temps, elles s’assemblent pour devenir une matière riche et fertile. Tout comme le compost, chacun des membres de l’équipe vient d’horizons très différents. Au fur et à mesure, nous nous sommes soudés et rassemblés autour d’un projet commun pour le faire grandir.

découverte de la permaculture

temoignage-burkinafaso-2015-compost08L’été 2014 a été un tournant décisif pour notre équipe. Nous sommes partis en tant que bénévoles à la ferme écocitoyenne de la Bouzigues près de Toulouse. Nous avons été accueillis par des animateurs en agroécologie membres de l’association Terre et Humanisme fondée par Pierre Rabhi. Au programme de nos deux semaines : l’aménagement d’un terrain en pente à l’aide d’une technique de permaculture, les baissières. Il s’agissait de rendre cultivable le terrain et de l’optimiser pour accueillir certains types de plantations.

La découverte de ce premier expériment a été la permaculture. C’est une méthode de biomimétisme (imitation de la nature) qui vise à obtenir un mode de production durable et respectueux de l’harmonie naturelle. Ce chantier nous a énormément appris. Il a été l’occasion d’une prise de conscience sur notre mode de consommation qui nous est très vite apparu complètement disproportionné.

Soudés et sensibilisés par ce premier camp, nous avons choisi de faire de l’agroécologie le cœur de notre expériment long.

En route pour le burkina-Faso !

L’association Terre et Humanisme nous as mis en contact avec un de leurs partenaires au Burkina Faso, l’AIDMR (Association Interzone pour le Développement en Milieu Rural). Elle œuvre pour le développement de l’agroécologie auprès des paysans burkinabés. L’objectif est de permettre leur autosuffisance alimentaire dans le respect de la terre et de l’homme.

Après un an de préparation, nous sommes arrivés début Août à la ferme de TangZougou dans le village de Bétta.

C’est là que nous avons partagé trois semaines de projet avec cinq jeunes Burkinabés au sein de l’AIDMR. Deux animateurs en agroécologie se sont joints à nous : Ablacé qui est un membre coordinateur de l’association et Eli un français en mission pour un an. Les habitants du village de Bétta ont participé activement au projet et nous ont accueillis et nourris pendant ces trois semaines.

Pistes d’action

Brevet scouts du mondeEnvironnementpiste d'action développementpiste d'action solidarité

Présentation de l’équipe

Compagnons :

Adrien, Augustin, Alexia, Julien, Pierre-Louis

Équipe :
 2e temps – 2014/2015
Groupe :
 Pierres Dorées
Territoire :
  De la Saône au Léman
Pour aller plus loin

Retrouve le blog des Comp’ost ici

Et leur rapport de mission pour l’AIDMR

Entre action et réflexion

Notre expériment s’est construit autour des travaux agricoles mais aussi autour des conférences données par Ablacé.

Au Burkina-Faso, la période de la saison des pluies (de juin à août) constitue la saison principale pour cultiver la terre. Les ressources accumulées pendant cette période servent à nourrir la population pour tout le reste de l’année. Pendant les trois semaines nous avons participé aux travaux agricoles de la ferme de Bétta, sur deux sites différents.

Nous avons pu agir sur toutes les étapes de la plantation agricole. Nous avons préparé les cultures en étudiant quelles variétés et quelles associations pouvaient être plantées suivant les terrains. L’aide d’Ablacé dans ce domaine a été précieuse. Puis nous avons aménagé certains terrains pour qu’ils puissent accueillir proprement les semences. Nous avons donc sarclé, désherbé et réalisé des planchers de culture. Nous avons aussi planté et participé à l’entretien des plantations qui avaient été faites avant notre arrivée. Il a donc fallu veiller à l’irrigation et au maintien de l’eau dans les cultures mais aussi à l’aération et à l’enrichissement des sols.

 

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Ce travail physique a été doublé d’un travail de réflexion autour de l’agroécologie. Avec les burkinabés, nous avons assisté à des conférences autour des différents types d’agricultures. Elles portaient sur les avantages et les inconvénients de l’agriculture traditionnelle, de l’agriculture conventionnelle et de l’agroécologie. Nous avons pu échanger sur nos pratiques selon nos pays respectifs.

Puis nous nous sommes penchés plus précisément sur l’agroécologie. Comme ce qui est appliquée avec la permaculture, elle cherche à produire en respectant le plus possible le cycle naturel. L’objectif est un rendement amélioré, tant en quantité qu’en qualité. Autant de points forts pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Nous avons étudié plus précisément certaines techniques comme celle du compost, qui permet de conserver le sol dans un état naturel et propice à l’agriculture.

Nous avons également débattu sur de nombreux sujets qui nous ont permis de prendre conscience de l’importance de la problématique agricole mondiale actuelle : Comment nourrir l’humanité dans les années à venir ? Est-ce en confiant l’agriculture à des firmes agrochimiques ? En ce qui nous concerne la réponse semble évidente : sûrement pas ! D’autant que nous avons pu mesurer l’impact de certaines pratiques néfaste de ces firmes sur les paysans burkinabés. Ils en sont dépendants et s’endettent très vite tout en dégradant leur santé et leur sol. L’AIDMR veut permettre aux paysans de ne pas tomber dans ce cercle vicieux.

Le partage culturel

La vie à la ferme de Bétta ne s’est pas arrêtée aux travaux et aux conférences. Nous avons aussi partagé de nombreux jeux et activités avec nos compagnons burkinabés. La plupart de notre répertoire scout y est passé ! Nous avons pu nous initier à la musique locale. Certains d’entre nous ont appris l’ukulélé, d’autres ont découvert le balafon, la guimbarde ou encore l’harmonica. De notre côté, nous avons construit un four pour pouvoir cuire du pain chaud à partager pour le petit déjeuner.

Nous avons été très surpris par la forte cohabitation religieuse au sein d’un même village qui comptait une mosquée, une église et un temple protestant. Sans compter que traditionnellement, tout le monde est plus ou moins animiste. Cette mosaïque de religions ne pose pas de problèmes aux habitants. En discutant avec les burkinabés du village, nous avons découvert qu’il n’était pas rare d’avoir plusieurs religions au sein d’un même foyer, un bel exemple de sagesse et de tolérance !

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Nous avons participé à plusieurs messes en mooré (langue de l’ethnie Mossi). Elles ont été des moments forts bien que nous n’ayons compris que deux mots en tout : « pape François ». Les chants dégageaient une joie et une énergie intense à l’image des fidèles présents.

Ce projet s’est avéré riche en découvertes et en expériences. Personnellement, les fortes différences culturelles ainsi que les réalités locales m’ont ouvert l’esprit. J’ai pris conscience des inégalités immenses qui séparent nos deux continents. Je ressors grandi de cette expérience qui m’a donné encore plus envie d’œuvrer pour réduire ces disparités. Dans ce sens, nous réfléchissons actuellement à un partenariat avec le groupe scout de Saaba (près de Ouagadougou) avec lequel nous avons partagé de bons moments. Son fonctionnement engage des frais que le groupe a du mal à couvrir alors qu’il permet à un bon nombre de jeunes de vivre le scoutisme au quotidien.

Adrien pour l’équipe des Comp’ost

Informations 2021

Le Burkina Faso est actuellement fermé pour “raison sécuritaire”.

Depuis plusieurs années, et ce en raison du contexte sécuritaire, il n’est donc plus possible d’envoyer des équipes de Compagnons au Burkina Faso.

Les perspectives d’ouvertures éventuelles des frontières du pays pour les prochaines années sont aujourd’hui inconnues.

Faire sa promesse au coeur du Mont-Saint-Michel
du Carmel de la paix à Taizé, sur les pas de la foi
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